Suite à  notre hommage à  un bout de science-fiction

Suite à  notre hommage à  un bout de science-fiction

Le mois dernier, nous rendions un petit hommage à la littérature de science fiction et promettions de parler de cinéma.

27.04.2011

Le mois dernier, nous rendions un petit hommage à la littérature de science fiction et promettions de parler de cinéma. Alors nous y voilà !

Nous avions annoncé au programme Ed Wood, Roger Corman, Andrei Tarkovski et d'autres. Commençons donc par Ed Wood !

Réalisateur américain des années 50, il a été reconnu comme étant le plus mauvais cinéaste de l’histoire. Et c’est bien grâce à ça qu’il est aujourd’hui devenu culte ! Si Ed Wood a plutôt versé dans le fantastique pur avec des films de monstres et de vampires, on lui doit quand même un film de science-fiction aussi improbable qu’immanquable : Plan 9 from outer space. Le scénario serait tiré par les cheveux ? A vous de juger ! Des extraterrestres trouvent que la race humaine fait beaucoup de dégâts et a une légère tendance à tout détruire sans se soucier des conséquences. Ils lancent alors le plan 9 qui consiste à réveiller les morts pour asservir les vivants. Esthétique kitch au possible, décors en carton-pâte, vaisseaux spatiaux en papier alu suspendus à des fils plus qu’apparents, comédiens qui en font des tonnes… Le film est à mourir de rire ! Sauf que ce n’était pas l’intention du réalisateur. Notons que Tim Burton a réalisé un biopic sur Ed Wood, avec un Johnny Depp illuminé à souhait.

Restons dans l’Amérique de la fin des années 50, pour parler de Roger Corman. Si le réalisateur est surtout connu pour ses adaptations d’Edgar Allan Poe, on lui doit néanmoins des films de science-fiction qu’il est intéressant de redécouvrir. Day the world ended, It conquered the world ou Teenage Caveman sont construits autour d’une obsession de la fin du monde et de la survie de l’homme. Ne cachons pas que les films ont vieilli, mais saluons tout de même une belle inventivité dans l’image et la qualité des scénarios.affiches de films

Traversons le Pacifique et allons voir du coté russe le cinéaste Andrei Tarkovski. Monument de poésie et d’humanisme, Tarkowski filme une humanité en dégénérescence qui se bat pour sa survie. En 1972, il signe Solaris. Un psychologue arrive sur la station spatiale d’observation d’une planète étrange et récemment découverte. Les occupants de la station sont apparemment délirants et notre héros ne va pas tarder à se retrouver nez à nez avec certains fantômes. Réflexion sur la mémoire et la culpabilité, Tarkovski interroge le rapport au passé. Vivre avec, y rester enfermé, l’oublier ? Sous couvert du questionnement d’un homme, c’est l’histoire de l’humanité, de sa cruauté et de ses absurdités, qu’il met en perspective autour de trois fondamentaux : la religion, la philosophie et l’art. Notons qu’en 2002, Steven Soderbergh a réalisé un remake du film. En 1979, Tarkovski réalise l’un des plus grands films de SF : Stalker. Au cœur d’une zone où personne n’ose s’aventurer, il existerait une chambre capable de réaliser tous les souhaits. Un écrivain et un professeur décident de s’y rendre et rencontrent un guide qui accepte de les y conduire. Voyage métaphysique, invitation à l’étrange, exploration de l’âme, Tarkovski cherche l’utopie, combat le cynisme, refuse le prosaïsme. Chef-d’œuvre absolu. Attention tout de même au style contemplatif et au rythme lancinant qui sauront en rebuter plus d’un.

Autre chef-d’œuvre du cinéma de science fiction, Métropolis de Fritz Lang. Réalisé en 1927, le film impressionne d’abord par le gigantisme et l’inventivité de ses décors, qui font de la ville un personnage à part entière. Là, se livre une lutte des classes acharnée entre des ouvriers épuisés par une industrialisation inhumaine, et des nantis qui en profitent. Une ouvrière lutte pour le rapprochement des classes, mais le plus grand patron de la ville, voyant le risque que représente la jeune femme, décide de créer un robot lui ressemblant pour détruire tout ce qu’elle a mis en place. Poétique, politique et social, c’est une critique magistrale de l’industrialisation florissante de l’époque. Résolument expressionniste, Fritz Lang y exacerbe les sentiments et les situations par les lumières et une caméra virtuose.

 

 

Question lumière et caméra, un autre grand cinéaste offre un spectacle incroyable avec Alphaville. Sans vraiment raconter d’histoire, Jean-Luc Godard réalise un film où les acteurs sont sublimés par une mise en scène hors norme. Le film est en noir et blanc, pourtant chaque plan fait naître le sentiment d’une incroyable palette de couleur. Etrange, moderne et fascinant, Jean Luc Godard, à son habitude, interroge le cinéma et affirme qu’il n’est pas nécessaire de coller des effets spéciaux à tout bout de champ pour faire naître la rêverie. affiche de Alphaville

Et ce n’est pas Ridley Scott qui dira le contraire, quand en 1979 il sort le premier Alien. Son principe ? Ne pas montrer le monstre, ou le moins possible. Un peu de fumée, des tuyaux qui courent le long d’un couloir, une Sigourney Weaver un peu fâchée, et hop ! Le tour est joué. A voir et à revoir, donc, ce premier épisode de la saga. Et tant qu’à faire, les autres aussi ! Mais Ridley Scott, c’est aussi et surtout le fabuleux Blade Runner. Adaptation inspirée du roman de Philip K. Dick, le réalisateur a su en garder l'ambiance sombre, en créant un univers résolument graphique et baroque. Le mystère, la poésie et l’intelligence de la mise en scène sont également de mise pour ce coup de maître.

Tant qu’à être dans les monstres du cinéma américains, évoquons George Lucas qui a relancé le space opéra et la SF au cinéma en 1977 avec le premier volet de Star Wars. Nouvelles technologies pour le son, pour l’image et son traitement, cette première trilogie est, à n’en pas douter, une énorme prouesse technique et scénaristique, avec un consensus évident sur L’empire contre attaque, réalisé par Irvin Kershner. D’aucuns disent que la richesse de l’univers visuel est pompée sur les dessins de Jean-Claude Mézières, et on est d’accord ! On est également d’accord avec ceux qui disent que la deuxième trilogie est relativement calamiteuse (particulièrement La menace fantôme) et encore plus avec ceux qui s’offusquent des versions remasterisées et re-remasterisées des premiers films.

Affiche de Blade RunnerPassons par le pape d’Hollywood : Steven Spielberg. Evoquons bien sûr la veine fantastique avec des monument tels que E.T., 1941 ou Rencontre du 3ème type, mais concentrons nous surtout sur ses vrais films de SF : les plus décriés Minority Report et A.I. Et confessons les avoir adorés ! Inventivité visuelle, maîtrise incontestable de la narration et du rythme, travail impressionnant sur les lumières, les contrastes et les décors, les films mettent en place des univers construits et cohérents. Minority Report accuse une société sécuritariste et dénonce la politique de son époque post-11 septembre 2011. Plus poétique, A.I. interroge le mythe de Pinocchio et demande ce qui fait que l’on est un vrai petit garçon. Humains et en quête d’une véritable justice, ces films n’échappent pas à certains travers. Mais le manichéisme apparent y est un leurre et la réflexion plus intéressante, en allant chercher du côté de la conscience de soi et de son importance sociale.

Pour terminer, parlons de trois films peut-être moins connus. D’abord, Bienvenue à Gatacca d’Andrew Nichols. Dans une société où les embryons sont modifiés génétiquement pour créer des êtres parfaits, un homme né de façon naturelle cherche à réaliser son rêve. Film à petit budget sur l’eugénisme, remarquablement interprété et mis en scène, Bienvenue à Gatacca cache derrière une apparente douceur la violence d’un procédé inhumain, et magnifie subtilement la volonté et la solidarité. A voir absolument.

Affiche de Thomas est amoureux

Ensuite, Thomas est amoureux, film belge de Pierre-Paul Renders. Thomas est agoraphobe et n’a de contact avec le monde extérieur qu’au travers de son écran d’ordinateur. Il est suivi par un psy qui le traite par écrans interposés, est envahi par sa mère par écrans interposés, rencontre des femmes par écrans interposés et pratique le cyber-sex. Gagnant du festival du film fantastique de Gerardmer en 2001, Thomas est amoureux est un film assez unique. Tout est vu par l’écran d’un Thomas désincarné, dont on n’entend que la voix. Original, frais et formidablement écrit, c’est un film à découvrir.

Et finissons par un film magistral : Télépolis de l’argentin Esteban Sapir. Film quasi muet en noir et blanc, Télépolis raconte l’histoire d’une ville dont tous les habitants ont perdu leur voix. Ne reste que celle de la télévision gouvernementale. Le film est poétique, magnifique et improbable. Tellement, qu'il est difficile d’en parler et qu’on préfère vous en proposer des images...

 

 

Encore une fois, nous sommes loin d’avoir été exhaustifs ! Nous aurions voulu parler de Bunker Palace hôtel, de Tykho Moon et Immortel, ad vitam d’Enki Bilal, du Fils de l’homme d’Alfonso Cuaron, de L’armée des 12 singes de Terry Gilliam et de son corollaire La jetée de Chris Marker, ou encore du Dune de David Lynch. Surtout, on aurait pu consacrer tout un article au cinéaste de l’hybridité : David Cronenberg.

Mais nous arrêterons là notre modeste hommage à la science fiction. En espérant que Jean-Pierre Dionnet se trompe et que ce genre riche et passionnant ne se soit pas éteint.

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